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J 67 - 74

Publié le par MARCEL ET CLAUDINE

Désolé pour cette attente. Internet n’est pas encore arrivé par ici. Pour passer du Brésil à la Bolivie il suffit de traverser une rivière. Par contre en 15 mn on fait un retour dans le temps fulgurant. Cela est vrai pour la région nord où nous nous trouvons, pour le reste du pays l’avenir nous le dira.

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On quitte notre dernière ville étape du Brésil en direction de la frontière. La route est en très mauvais état, à tel point que les gens préfèrent rouler sur le bas côté. Nous arrivons à la ville frontière de Guajara Mirim sans trop de fatigue, la ville semble sortir de nulle part, mais l’activité y est grande. Les formalités de sortie se passent sans problème, bon repas pour écouler nos derniers Réals, et l’on se dirige vers l’embarcadère. Nous remarquons au passage l’ancienne gare de chemin de fer qui reliait la Bolivie à Porto Velho, et nous montons sur la barque pour passer la frontière, étonnant.

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La ville de débarquement en Bolivie porte le même nom que sa voisine brésilienne. Les formalités d’entrées se passent également sans soucis, rapidement puisque nous étions les seuls entrant. Comme d’habitude nous nous dirigeons vers les distributeurs automatiques. Vides ! Nous sommes lendemain de week end, et aujourd’hui c’est férié ! Ca nous poursuit. Nous avons pu tout de même nous débrouiller, mais cela partait mal.

La ville appartient aux motos. Il y en a partout et dans tous les sens. Ici les prix sont très bas par rapport au Brésil. La ville s’est donc transformée en un immense marché, et les gens vont et viennent à travers la frontière pour faire leurs achats. On pourrait parler de l’Andorre à la façon bolivienne.

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Nous n’attendons pas le petit déjeuner de l’hôtel, servi trop tard, et quittons la ville très tôt mais accompagnés déjà par d’innombrables motos.

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La route est agréable, très très peu de circulation, mais au bout de 30 km nous comprendrons pourquoi. En effet des villageois ont bloqué la route en tirant des barbelés sur un pont plus un camion en travers. Ils souhaitaient que le conseiller régional local tienne ses promesses électorales, vis-à-vis des documents de propriété des terres sur les quelles ils vivent depuis toujours. Quoi qu’il en soit, nous avons du patienter 5 heures avant que la situation se débloque, malgré tout nous étions satisfait car cela aurait pu durer plusieurs jours, sans déviation possible ! Par chance, le temps était couvert et nous avons pu effectuer les derniers km sans trop de difficulté pour rejoindre Riberalta.

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En attendant que la situation se débloque, une petite sieste s'impose.

En attendant que la situation se débloque, une petite sieste s'impose.

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Ville une fois de plus étonnante. 3 km avant, nous étions seuls au monde, dès l’entrée dans la ville, nous avons été pris par un flot continu de motos, tout cela dans la poussière de la route non asphaltée. Inutile de dire que le premier hôtel trouvé fut le bon.

Demain nous partons pour plusieurs jours sans rencontrer de ville importante, et peut être même pas de ville du tout…Nous partons donc avec 5 jours de nourriture, pour l’eau on verra bien.

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On quitte la ville évidemment accompagnés par d’innombrables motos. La ville est immense, 7 km pour en sortir. Les voitures sont pratiquement inexistantes, les vélos sont carrément absents.

Nous attaquons notre première étape 100 % piste. Le sol est assez roulant mis à part les zones de tôle ondulée qui nous secoue les reins, la tête, les boyaux (super pour le transit intestinal) et le reste… Les vélos entrent en vibration, effet assez désagréable.

Au bout de 75 km, nous arrivons à un carrefour de route, « Le triangle ». Un poste à essence et surtout un resto s’y trouve. 2 litres de coca frais seront engloutis rapidement. On hésitait à poursuivre, fatigue et chaleur était au programme. Les gens du coin nous conseillent de camper sur place, la pluie ne devrait pas tarder. On nous propose même un genre de hangar pour installer notre tente. Bien nous en a pris, effectivement ce fut un déluge. Tout a été inondé en une demi-heure !

Nos hôtes, 2 hommes (40, le neveu et 57 ans l’oncle) vivent dans une maison en planche, toit en chaume, sol en terre battue (pratique pour planter les sardines de la tente), douche et toilettes en planches derrière, l’eau sort du puits, pas d’électricité, la cuisine indéfinissable, des poules, des cochons, des chiens partout…. Vraiment étonnant.

Ils sont étonnés par notre périple, nous ne le sommes pas moins par leur mode de vie. Leur seul bien ? Évidement une moto !

Très sympa, nous passerons la soirée à discuter (Claudine), vraiment très instructif.

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Arbre inconnu, nous l’appellerons arbre à oursins

Arbre inconnu, nous l’appellerons arbre à oursins

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Nous serons réveillés à 3 h par le coq, puis à 5 h par les cochons. Nous remercions comme il se doit nos hôtes et reprenons notre piste. Pas de changement par rapport à la veille, les km défilent vite, le vent est avec nous.

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Nous rencontrons un chasseur rentrant chez lui avec une belle bête. D’après lui des hordes de 100 à 150 sangliers sillonnent la région. Vers 70 km nous demandons de l’eau dans une habitation. Elle nous est offerte sans problème.

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A 90 km, nous sommes devant un village, de nombreux enfants nous observent. On nous propose de monter notre tente derrière l’école, d’utiliser les douches communes et de prendre l’eau au puits comme tout le monde. L’orage gronde, nous acceptons donc la proposition. Voir des gringos tirer l’eau du puits pour aller se doucher amuse tous les enfants. Nos sommes dans un tel état, couvert de poussière rouge, ce décrassage vaut bien quelques sacrifices. Les parents s’amusent plutôt de notre bronzage, comme ils disent « vous les gringos, vous êtes noir et blanc ! ».

L’ambiance est vraiment sympa. Dès le soir venu, tout le monde disparaît dans sa case. Ici pas d’électricité, donc pas de lumière, pas de télé ni de sono, et encore moins de coca frais ! Bien contents d’avoir au moins l’eau du puits, que nous avons purifié, pour nous désaltérer.

En Bolivie aussi on me demande mon âge, mais en plus on trouve que je suis un peu maigre !

Les quelques jours de vache maigre qui vont suivre ne vont rien arranger.

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Bonne nuit au près de l’école si l’on oublie le cheval, intrigué par ce dôme vert, qui est venue nous respirer dans les oreilles en pleine nuit.

La piste, toujours la piste. De gros efforts sont fournis pour avancer, pour un décor pas très motivant. Nous sommes d’après la carte en pleine Amazonie et par endroit on se croirait dans les plaines de la Beauce. Tout a été coupé ou brulé, ne reste que des zones en friche, avec ici ou là quelques bestiaux. Nous avons rencontré (pour lui demander de l’eau) un ancien propriétaire d’une scierie. Il se désole de ne plus rien avoir à couper ! Le gouvernement a imposé de nouvelles taxes assez élevées pour essayer soi-disant de préserver l’environnement, les gens comme lui ne peuvent pas payer, par contre une fois de plus, les grosses compagnies elles si, et la déforestation continue. Il cultive sont jardin pour survivre, il faut voir où ! Il nous offre d’ailleurs du jus de noix de cajou de sa fabrication. Nous n’avons pas pu refuser mais les grimaces sur nos visages étaient difficiles à cacher.

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Le vent aujourd’hui était contre nous, ce qui n’arrange rien. Un petit moment d’inattention de Claudine l’a fait se déporter sur le bas côté, le résultat fut immédiat : une belle chute. Epaule douloureuse mais surtout avant bras gauche bien amoché, et plus tard des bleus un peu partout. La main aura été protégée par le gant. On espère que les conditions d’hygiènes que nous avons en ce moment ne vont pas aggraver les choses.

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Ce soir nous dormons dans un village, Australia. En fait on pourrait parler d’une immense ferme. Des maisons de planches sont installées le long de la route, et les animaux vont et viennent à leur guise. Poules, coqs, poussins, chevaux et poulains, vaches et veaux, cochons et porcins, des centaines de chiens qui représentent le service d’ordre de toute cette population animale… Sans oublier les fameuses motos qui pétarades de toute part.

Un ruisseau (presque à sec en ce moment) sert à tout. Abreuver tous ces animaux, laver le linge, laver les gens, laver les motos, recevoir les eaux usées de tout le monde... Une habitante nous avait gentiment proposé son terrain pour camper, et lorsqu’on lui a demandé « los baños ? » elle nous a montré le ruisseau. Finalement nous camperons près de la maison du boulanger du village, avec puits et douche en planche classique dans la région, et au milieu de la basse cours. A vivre dans de telles conditions, les gens ne doivent pas faire de vieux os.

Ce soir vendredi c’est la fête au village, nous devrions avoir une nuit bien sonore.

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Le soleil n’est pas encore levée, nous sommes réveillés non pas par les coqs, ils ont chantés toute la nuit, mais par les poules qui courent dans tous les sens pour échapper aux avances des coqs. Ces derniers ont repris de la vigueur par rapport à la veille car ils arrivent enfin à leur fin, l’honneur des mâles est sauf ! (Ah !!! ce Marcel quel macho !!!!!)

Ce village, alors que les habitants dorment encore, ressemble à une immense arche de Noé perdu au milieu de la forêt. Spectacle étonnant, on croit rêver.

C’est sous des éclairs et du tonnerre que nous rangeons le matériel. La pluie viendra plus tard.

Presque 90 km pour rejoindre le prochain village Puerto Yata (une vingtaine de maison) à rouler au milieu de rien, ou plus exactement de moins que rien. Plus les km défilent et plus la piste se détériore. Rouler sur la tôle ondulée ne te fatigue pas, ça te détruit. Nous trouvons tout de même un « hôtel » potable (avec sa basse cours évidemment, et son WC au fond du jardin) 2,5 euros la nuit, pour le repas nous irons au routier, 1 euros le plat de jour.

La Bolivie, tout du moins la région que nous traversons est vraiment un pays à part. Les gens vivent comme chez nous au début du siècle dernier. D’une gentillesse de tous les instants, ils paraissent heureux de leur condition. Question nature nous restons un peu sur notre fin. Question rapport avec les gens, cette traversée en pleine pampa répond exactement à ce que nous cherchions.

Même si nos articulations et notre dos s’en ressentent, on ne regrette pas d’être ici.

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Ce matin nous somme réveillé non pas par les poules mais par les truies qui semblent apprécier les propositions des cochons contrairement à leurs collègues à plumes. Apparemment chaque animal à ses jours de reproduction attitrés.

Quoi qu’il en soit, à 6 h 15 nous sommes en selle pour une journée de piste supplémentaire.

Le village de Pueto Yata (son vrai nom est Puerto Teresa) est traversé par un rio, le seul sur des centaines de km. Après le pont nous roulons sur une piste surélevée au milieu d’un marécage et des mares d’eau ici et là. Si hier il n’y avait rien à voir, aujourd’hui nous ne savons où donner de la tête. Les oiseaux décollent à notre approche en poussant leurs cris de frayeur. Dans les plaines vénézuéliennes nous avions vu beaucoup d’oiseaux, ici c’est encore plus impressionnant. Des plus petits genre moineaux aux plus gros genre cigogne, un vrai régal pour les yeux et les oreilles. Dans les mares nous pouvons voir également d’innombrables caïmans qui plongent dans l’eau boueuse à notre approche. Tout cela à quelques mètres de nous. Toutes ses observations nous font un peu oublier la rudesse de la piste. La circulation est pratiquement nulle, quelques véhicules à l’heure. Malgré tout la poussière nous crépit tantôt en rouge, tantôt en blanc

Nous arrivons sous le soleil dans une petite ville, Santa Rosa, en début d’après midi. Comme un rituel, nous ingurgitons nos 2 l de Coca frais avant de nous mettre à la recherche d’un hôtel. Nous en trouvons un, avec toilettes dans la chambre et non pas au fond du jardin, et de plus l’eau coule au robinet, inutile d’aller la chercher au puits. Pas de climatisation mais un ventilateur car ici l’électricité est présente toute la journée. Nous décidons donc de rester sagement ici le lendemain. Une journée de récupération ne nous fera pas de mal, la lessive devient une urgence, le décrassage des corps également et de plus nous avons appris qu’Internet arrive dans cette ville. 6 ou 7 jours de piste nous séparent de la prochaine agglomération, Cochabampa. De plus nous allons retrouver la montagne, la cordillère des Andes est de nouveau devant nous ! Il ne fallait pas louper cette journée de repos là.

Seul inconvénient des villes, le bruit. On ne peut pas tout avoir. Le « modernisme » et le calme. D’autant que pour des questions d’économie ou de coutume, les chambres n’ont pas de vitre, mais des moustiquaires ! La nuit de sommeil sera courte.

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Comme on s’en doutait, la nuit a été terrible. Dès le soir venu les habitants sortent discuter comme on le fait dans toutes les villes, mais ici ils le font à moto. Des centaines et des centaines de motos tournent dans la ville, lentement ou pas, et cela jusqu'à 1 h du matin, extinction des feux. Les motos disparaissent mais pas la musique. Les chiens entrent en scène, comme ils dorment la journée, la nuit ils sont en pleine forme, les éclats de voix et de rires sont nombreux, les coqs sont de la partie également. Dès le levée du jour le ballet des motos reprend. Notre chambre est en face de l’école, les élèves ont ici un uniforme blanc et bleu, et avant d’attaquer les cours ils se mettent en rang, en silence et assistent à la levée des couleurs tout en écoutant l’hymne national. Finalement au modernisme bruyant, nous préférons l’authentique rustique mais calme. Que nous étions bien dans notre tente, sur le petit lopin de terre entre l’école, le puits et la douche communale ! Aujourd’hui nous changeons d’hôtel…

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V
ça a l'air bien dépaysant la Bolivie, ça me fait penser un peu à la Guyane profonde, en plus pauvre encore. Claudine, j'espère que tu as de la pommade à appliquer sur les fesses de Marcel suite aux pistes bosselées, je me souviens qu'il a l'arrière-train délicat, et qui marque vite ! lol
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V
merci pour ces récits, images ,vidéos... on pense bien à vous... Pédalez bien!
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S
Bon là, la poussière partout, dormir au milieu des coqs et des cochons, les toilettes et douches plus que drastiques, la tôle ondulée, ça fait un peu moins envie !!! Mais je suis sûre qu'à vivre, c'est très sympa !!!! Merci pour toutes ces nouvelles. Tchimbé raid, pa moli !!! Bises. Sev
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M
ahh , et bien nous l'attendions le récit de l'entrée en Bolivie !! merci encore de nous faire partager votre aventure , on ne s'en lasse pas et l'attente des nouveaux épisodes est toujours là!! on espère que Claudine se soigne bien!!! allez les pistards ! bonne route ! cuidado !
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